LA FABRIQUE D’UN TUEUR
H.H. HOLMES ET LA PRESSE JAUNE
Le 11 aout 1895 est publié dans le journal The World de Joseph Pulitzer le plan du célèbre château des meurtres de H.H. Holmes. Crématorium, fosse à acide et portes secrètes menant à des cabinets de torture y sont décrits. Ce plan totalement fictif dans lequel une chaudière et une chute à linge deviennent des outils pour se débarrasser des corps s’inscrit dans la longue élaboration d’une légende du crime relayée du XIXe siècle à nos jours par le journalisme jaune, les romans populaires et les comics books.
« Fournissez les photos, je fournirai la guerre ! »
WILLIAM R. HEARST
CET ÉTRANGE DR HOLMES
Philadelphie, fin aout 1894. Le charpentier Eugène Smith, attiré par une annonce placardée devant un rideau de mousseline vantant les services d’un cessionnaire de brevet, pousse les portes du 1316 Callowhill Street, une bâtisse de deux étages faisant face à la morgue. Il demande à voir l’annonceur, un certain B.F. Perry, afin de lui présenter un nouveau modèle de scie à bois. Celui-ci n’est pas présent mais Smith, en pénétrant dans le bureau du second étage, découvre le corps sans vie d’un homme, le visage tuméfié et calciné à un tel point qu’il en est méconnaissable. Le corps est étendu, les pieds vers la fenêtre, la tête vers la porte. Il y a autour de lui tous les indices d’une explosion : une bouteille brisée semblant avoir contenu une substance inflammable, une pipe cassée encore pleine de tabac, une allumette consumée.
Tout indiquait que la victime devait être M. Perry. Après examen on attribua la mort à une congestion pulmonaire peut-être causée par l’inhalation d’une fumée toxique ou de chloroforme. Le corps fut rapidement inhumé. Un avocat de Saint Louis, Jephtha D. Howe se manifesta alors pour révéler que M. Perry était en réalité Benjamin F. Pitezel, de cette même ville, dont la tête avait été assurée pour la somme de 10.000 dollars, assurance contractée à Chicago en Novembre 1893. Howe expliqua que Pitezel avait pris le nom de Perry pour échapper à quelques poursuites financières. Si les autorités acceptèrent le fait que Pitezel et Perry étaient un seul et même individu, ils doutaient en revanche que le corps défiguré soit celui de l’homme en question.
L’unique personne qui semblait connaitre Pitezel à Philadelphie était un certain M. Holmes, médecin de profession, résidant alors à Wilmette, Illinois. Celui-ci affirma que Pitezel s’était fait faire une fausse dent chez un dentiste de Chicago, détail qui pouvait servir à mettre un nom sur le cadavre. Il offrit de venir à Philadelphie afin d’identifier le corps cependant que l’avocat Jephtha D. Howe faisait son entrée en ville, accompagné de la fille du défunt, une petite ingénue répondant au nom d’Alice Pitezel. Quand M. Holmes passa la porte du bureau des autorités, l’avocat Jephtha D. Howe assura ne pas le connaitre tandis que la timide Alice le reconnut comme un ami de son père. Ainsi réunies, toutes les parties devaient, le jour suivant, authentifier le corps.
Le corps exhumé, M. Holmes, fort de ses compétences en médecine, enfila une paire de gants et, avec un petit couteau de chirurgien tiré de sa poche, il indiqua d’une manière toute professionnelle plusieurs endroits sur le cadavre de Perry-Pitezel : une blessure à la jambe, un ongle manquant à un pouce, et d’autres marques qui devaient confirmer l’identité du défunt. La petite Alice, quant à elle, reconnut la dent postiche dans ce qui tenait lieu de bouche au cadavre de son père.
Ces petites démonstrations furent jugées suffisantes.
On remit à Jephtha D. Howe un chèque de 9,175 dollars revenant de droit à la veuve Pitezel. M. Holmes reçut 10 dollars pour couvrir ses frais de voyage et disparut comme il était venu. En l’observant, il sembla pourtant au charpentier Eugène Smith que cet homme ne lui était pas inconnu. Il lui parut l’avoir aperçu quelquefois à la porte du grand bâtiment où le corps avait été retrouvé. Smith ne jugea pas nécessaire de mentionner ce détail aux autorités.
La découverte du pot aux roses devait venir quelque temps plus tard, d’une prison de Saint-Louis. En 1894 croupissait dans une cellule, depuis plus de trois ans, un certain Marion Hedgspeth, condamné à vingt années de réclusion pour une attaque de train audacieuse. Il révéla qu’il avait connu en prison un homme nommé H.M. Howard, inculpé pour fraude mais relâché au mois de juillet 1893. Celui-ci lui avait confié qu’il avait un plan pour empocher une assurance de 10.000 dollars et lui avait promis sa part, 500 dollars, s’il pouvait lui conseiller un avocat véreux. Hedgspeth lui avait recommandé Jephtha D. Howe.
Le plan était simple, un corps répondant à la description de Pitezel devait être défiguré par une explosion dite accidentelle, cependant que le véritable Pitezel disparaitrait en Allemagne. Le montant de l’assurance devait ensuite être distribué entre les quatre compères : Holmes, Howe, Pitezel et Hedgspeth. Hedgspeth avait appris le succès du plan par Howe et, lésé de sa part du butin, il avait dénoncé ses anciens complices.
Howard et Holmes étaient donc les mêmes hommes. Quant à Howe et Holmes, ils n’étaient pas les étrangers qu’ils prétendaient être.
Un homme répondant au signalement du médecin et qui s’était rendu coupable d’un vol de chevaux fut signalé au Texas. Les détectives de Pinkerton arrêtèrent Holmes à Boston le 17 novembre 1984. Son vrai nom était Herman Webster Mudgett. Il était propriétaire d’un hôtel particulier à Chicago.
Il reconnut sans peine la fraude à l’assurance. Il affirma que le corps utilisé avait été subtilisé à un docteur de New York et transporté dans une malle jusqu’à Philadelphie où il avait été soigneusement préparé pour la mise en scène de sa découverte. Bien vite mis à mal par les questions des enquêteurs, il changea soudainement sa version des faits et expliqua que son complice Pitezel, un imbécile complet et un alcoolique, s’était suicidé dans la maison de Callowhill Street.
On ne mit pas longtemps avant de soupçonner Holmes d’avoir lui-même fait disparaitre son complice. On le tenait aussi pour le principal suspect d’une disparition inquiétante : Pitezel avait laissé à Saint-Louis une femme et cinq enfants, trois d’entre eux, dont la jeune Alice, étaient introuvables.
L’AFFAIRE DES ENFANTS PITEZEL
On engagea un détective du nom de Frank Geyer afin de retracer la route des enfants Pitezel. La petite Alice Pitezel n’avait pas vu sa mère depuis qu’elle était venue identifier le corps de son père. Depuis Philadelphie, Holmes l’avait emmené à Indianapolis. Entre-temps il avait visité Mme Pitezel à Saint Louis et pris avec lui deux des enfants, Nellie et Howard pour, disait-il, rejoindre leur père en fuite. De là, la petite troupe avait fait route vers Cincinnati. C’est en partant de cette ville que Geyer, le 27 juin 1895, débuta ses recherches.
Il découvrit que plusieurs mois auparavant, le 28 septembre 1894, un homme du nom d’Alexander E. Cook et trois enfants avaient passé la nuit à l’Atlantic House Hotel. Quand Geyer lui présenta une photographie, le gérant de l’hôtel identifia Holmes et les enfants. Ils avaient ensuite été enregistrés au Bristol Hotel puis avaient occupé une maison en location. Cette fois, Holmes avait donné au propriétaire le nom de A. C. Hayes. Geyer vint à Indianapolis et remonta la piste dans différents hôtels. Le chemin était semé de lettres de mme Pitezel à ses enfants, probablement toutes interceptées par Holmes.
Geyer poursuivit son enquête jusqu’à Toronto. Il y apprit que Holmes, accompagné de deux jeunes filles, avait résidé au 16 Saint Vincent Street. Détail inquiétant, le petit Howard n’apparaissait plus dans les témoignages. Un voisin lui apprit également que le nouvel occupant lui avait emprunté sa pelle afin de creuser un espace dans la cave pour que sa soeur puisse y cultiver des pommes de terre. Geyer emprunta la même pelle au même voisin et entreprit des fouilles.
Au centre de la cuisine il découvrit une trappe qui descendait dans une petite cave. Il creusa à l’endroit où la terre était meuble et fraichement remuée et trouva, sans mal, les restes de deux enfants.
Geyer revint à Detroit pour trouver des traces d’Howard, puis à Indianapolis. Montrant la photo d’Holmes dans la ville d’Irvingtown, il en vint à mettre la main sur une malle correspondant à celle des Pitezel dans un cabanon attenant à une petite maison dans laquelle il retrouva les restes calcinés du petit Howard tassés à l’intérieur de la cheminée. L’enquête était terminée.
De Cincinnati à Irvingtown, en passant par Toronto, sur plusieurs centaines de kilomètres Holmes avait fait disparaitre les trois enfants Pitezel. C’était couvrir une belle distance et faire preuve de précautions exagérés pour un homme supposé tenir un hôtel dédié au meurtre au beau milieu de Chicago.
UN MAITRE EN SON CHÂTEAU
Cependant que Geyer remontait la piste des enfants Pitezel, une investigation soutenue avait lieu au 701 West 63rd Street. Une investigation qui devait forger l’image d’Épinal d’un Barbe Bleue américain et inciter la presse à la surenchère sur la nature démoniaque de H.H. Holmes.
L’édifice de deux étages n’était pas véritablement un hôtel, encore moins un château. En 1887, après avoir obtenu son diplôme à l’université de médecine du Michigan, Holmes s’était mis au service de M. Holton et de sa femme, un couple de pharmaciens apprécié qui tenait boutique au coin des rues S. Wallace et W. 63rd, dans le quartier de Englewood. Ce couple l’avait aidé à acquérir un terrain en face de leur commerce. Holmes y fit construire un ensemble de deux étages. Le rez-de-chaussée abritait plusieurs bureaux, au deuxième étage se trouvait un laboratoire tandis que les appartements occupaient le dernier palier du bâtiment. Ce n’était pas vraiment un labyrinthe — comme en faisait construire la veuve Winchester à la même époque — avec des escaliers sans fin et des portes ouvrants sur le vide, en fait la seule particularité de l’édifice était d’appartenir à un homme arrêté pour vol de chevaux et accusé d’avoir tué la famille Pitezel.
Ce fut l’unique raison pour laquelle les enquêteurs poussaient la porte de la propriété de Holmes ce jour-là.
Dans la cave du bâtiment fut découverte une table, pas à proprement parler une table de dissection mais en tout cas une table qui avait pu être utilisée pour découper un corps dont on découvrit les restes dans le poêle. Des vertèbres et des dents furent également retrouvées en creusant le sol. Il convenait alors de s’interroger sur la provenance de ces débris humains.
C’est précisément ici que l’affaire du château des meurtres prend une tournure extraordinaire. Des présumés vivants retrouvés morts et des supposés morts finalement vivants, des victimes aux noms imaginaires, des assassinés véritables pourtant jurés bien portant : la police ne s’y entend pas dans les étranges confessions faites par le maitre des lieux. S’y retrouveront en revanche les romans à sensations qui, pour 27 crimes avoués par Holmes, feront annonce de 200 morts potentiels, qui deviendront 200 morts au bas mot dans l’imaginaire collectif.
Les faits sont moins extravagants.
Hormis les enfants Pitezel et leur père, les victimes de Holmes sont toutes des victimes éventuelles, toutes sont des femmes, toutes ayant eu une relation avec ce dernier. La polygamie de Holmes est ce qui ressort le mieux des premières enquêtes.
Des effets personnels retrouvés dans la cave et appartenant à une dénommée Minnie Williams pouvaient laisser supposer que les ossements retrouvés étaient les siens. Cette femme était entrée au service de Holmes en tant que secrétaire en 1893. Leur relation devenue intime, un mariage fut arrangé et Minnie avait invité sa soeur, Nannie Williams, à être présente. Les deux femmes n’avaient jamais été revues après cela. Lors de son témoignage, Holmes affirma qu’une dispute avait conduit à la mort de Nannie par la main de sa soeur. Il aurait aidé celle-ci à jeter le corps dans le lac de Chicago. Minnie aurait ensuite quitté les Etats-Unis.
Les histoires de Holmes concernant les deux soeurs se perdent en contradictions noueuses qui vont jusqu’à faire de Minnie la criminelle en chef de l’affaire des enfants Pitezel. Il est cependant certain que Minnie et Nannie appartiennent à la liste des victimes authentiques attribuables à Holmes.
Aux deux soeurs doivent s’ajouter une mère et sa fille. En 1887 un certain M. Connor était entré au service de Holmes. Lui, sa femme et leur petite fille de huit ans avaient posé leurs affaires depuis peu au 701 West 63rd Street quand une dispute de ménage éclata, à la suite de quoi M. Connor plia bagage et laissa femme et enfant en compagnie de Holmes. Elles ne furent plus revues à partir de 1892.
Ici encore s’illustre l’ascendant que Holmes avait pris sur les femmes de passage à l’hôtel puisqu’il fut admis qu’il entretenait une liaison avec Julia Connor. Il niera l’avoir tuée puis élaborera une sordide histoire d’avortement réalisé par ses soins au cours duquel Julia avait perdu la vie.
Une autre femme avait croisé la route de Holmes, Emeline Cigrand, elle aussi portée disparue.
En tout et pour tout ce sont 9 victimes plus ou moins liées à Holmes. Les romans à sensation et la presse jaune devaient se charger d’en inventer plusieurs centaines d’autres.
C’ÉTAIT AUSSI JACK L’ÉVENTREUR
Avant même la confession de Holmes, une série d’articles à son sujet parut dans les feuilles de chou du magnat de la presse, William Randolf Hearst. Les titres tablaient sur du vide ; Hearst profitant de l’affaire Holmes pour régler une vieille rivalité financière entre lui et le journal The World de Joseph Pulitzer. À eux deux ces fabricants d’informations représentaient le gros de la presse écrite des Etats-Unis. Les rotatives ne cessaient de produire des tabloïdes aux titres sensationnels et Hearst comme Pulitzer ne manquaient pas de flair pour déceler un certain potentiel lucratif dans les méfaits de Holmes.
Reste que le criminel en question n’offrait pas un profil psychologique bien défini ni très nouveau. Les histoires d’escroqueries se terminant en bain de sang se bousculaient déjà dans les feuilles jaunies des canards entre les jeux concours et les scandales politiques. La personnalité de Holmes semblait de plus désespérément plate et ses motivations, purement mercantiles, n’avaient pas de quoi pousser le chaland à consommer davantage de papier que d’ordinaire. Ses affirmations étaient contradictoires, parfois absurdes. Ses aveux étaient nébuleux ; tantôt il exagérait le nombre de ses victimes, tantôt il se défendait de les avoir assassinés.
Peut-être fallait-il davantage prêter attention aux signes et aux symboles contenus dans cette affaire. C’est-à-dire aux activités de médecine auxquelles s’était livré Holmes. Le médecin manie les mêmes outils que le boucher et le tueur. La trousse de chirurgien reste l’élément principal associé à Jack L’éventreur.
Jack l’éventreur, ce nom revient comme une invocation ou un exorcisme dans la presse et s’élève en rumeur dans les maisons de Chicago. Dans les années 1890, rares sont les criminels jouissants d’une petite notoriété qui ne lui sont pas comparés ; quand ils ne sont pas franchement considérés comme des avatars du tueur de Whitechapel.
Pour exemple, en 1892 venait d’être exécuté Thomas Neill Cream, un médecin écossais qui assassinait des prostitués à la strychnine quelques années avant que Jack ne fasse son apparition dans les bas quartiers de Londres. Son activité meurtrière s’étendait de Liverpool à Chicago. Avant d’être pendu il aurait révélé à son bourreau, James Billington, qu’il était le véritable Jack l’éventreur. C’était faux, James Billington avait inventé cet aveu, Thomas Neill Cream se trouvait au pénitencier de Chicago lors des meurtres de l’éventreur.
Holmes en sa qualité de médecin ne pouvait pas faire l’économie d’une telle réputation : en 2011, c’est son arrière-petit-fils, Jeff Mudgett, qui le métamorphose en Jack l’éventreur dans Bloodstains, un livre où les faits se mêlent à la fiction, inspiré par d’hypothétiques journaux intimes que Holmes aurait laissé aux générations à venir.
Mais revenons au rôle de la presse. Si Holmes ne savait aussi bien se vendre que le célèbre tueur londonien c’était aux journalistes de l’aider à faire parler le diable en lui. Une anecdote étrange veut qu’il se soit vu proposer 7500 dollars de la part de Hearst en échange de sa confession. Déjà condamné à mort, cette offre avait peu de chances d’éveiller son intérêt. Quoiqu’il en soit l’exclusivité de la confession fut attribué à un journal local plutôt respectable, le Philadelphia Inquirer. Un jour avant la sortie du papier, un journal concurrent, le Philadelphia North American, publiait des soit-disant extraits de l’article à paraitre dans lesquels on pouvait lire cette citation purement inventée et attribuée à Holmes : « Je suis né avec le diable en moi.»
Après avoir ainsi dressé son profil criminel, celui d’un possédé par le mal, il restait à la presse de forger l’arme du crime. Bistouri et scalpel pour Jack l’éventreur, fiole de poison pour Neill Cream et château infernal aux instruments de torture sophistiqués pour Holmes. En règle générale c’est le tueur qui va chercher sa victime, dans le cas de Holmes c’est la victime qui vient au tueur.
À partir de là le château d’Holmes devient une machine à tuer, une usine de mort qui recrache des os et des loques, avec son ingénieux réseau de lignes de gaz, reliées à des chambres hermétiques, servant à asphyxier les locataires, quand ceux-ci ne tombent pas, par mégarde, dans une des nombreuses trappes qui parsèment l’édifice et qui rappellent la procédure criminelle d’une autre légende, celle de la rue des Marmousets et du barbier au fauteuil piégé.
Les dépeçages se font à un rythme industriel. Toute affaire se doit d’être rentable et de l’usine du diable sort des squelettes nettoyés de leur chair et prêts à l’emploi : direction les écoles de médecine de Pennsylvanie où des étudiants peu scrupuleux achètent à prix d’or les ossements estampillés H.H. Holmes. Les chutes de cuir ne sont pas perdues mais rien n’atteste que le sadique docteur se soit confectionné des manteaux en peau humaine à la manière d’Ed Gein.
Tout ceci doit faire beaucoup de bruit et beaucoup de fumée, pour un édifice non insonorisé et très fréquenté, puisque les restes sont évacués par les cheminées de deux grosses fournaises qui répandent leur odeur nauséabonde dans le ciel de Chicago. Mais la légende d’Holmes montre qu’il n’y a pas toujours de feu là où il y a tant de fumée.
Les faits n’ont pas cessés d’être exagérés à mesure que l’affaire s’éloignait dans le temps. En 1940 on voit apparaitre pour la première fois le fameux nombre de 200 victimes dans un livre d’Herbert Asbury, Gem of the Prairie : An Informal History of the Chicago Underworld. En 2003 un best seller grandiloquent écrit par Erik Larson contribuera grandement à répandre un tas d’erreurs historiques et à brouiller toute piste entre fiction et réel.
En Holmes se mêlent donc plusieurs figures du crime plus ou moins légendaires. Celle de Barbe-Bleue et de son cabinet secret où pendent ses épouses à des crochets, celle de Gilles de Rais, de son château de Tiffauges et de la centaine d’enfants supposés torturés entre ses murs, celle de Jack l’éventreur et de l’assassinat chirurgical. Se greffe aussi un motif plus moderne, très américain celui-là, l’assassinat manufacturier.
H.H. Holmes est pendu le 7 mai 1896 à la prison du comté de Philadelphie. Le seul crime retenu contre lui sera celui de la famille Pitezel.